Luc Gagnon

Ail de la Montagne

RIGAUD / MONTÉRÉGIE

Par Amélie Masson-Labonté 

Par un samedi matin de juin particulièrement radieux, je me stationne en bordure de champ sur le chemin du J-René Gauthier à Rigaud. Quelques minutes plus tard c’est avec un large sourire que Luc Gagnon fait son arrivée en camionnette et m’emmène voir son ail qui s’étend sur un demi-acre en bordure d’une parcelle de soya.

Du web à la production maraîchère

Chemin faisant il me raconte son histoire. Né sur une ferme de volailles en Mauricie il ne quitte jamais vraiment le monde agricole même s’il fait carrière en informatique depuis 1996. En effet, son entreprise se spécialise en conception web pour le secteur rural et agroalimentaire. Il a notamment été impliqué dans le lancement du site du Bulletin des agriculteurs, l’un des premiers sites agricoles au Québec, en plus de concevoir le site Agrirencontre.com destiné aux célibataires du milieu rural. Luc est également le coordonnateur de l’Association des communicateurs et rédacteurs de l’agroalimentaire et directeur général de l’Association canadienne d’agrimarketing au Québec.

C’est en 2005 qu’il se laisse finalement tenter par la production maraîchère, reprenant avec son épouse Delphine et son beau-frère Sébastien les cultures de zucchini dont une cousine cessait la production. Leur première année de récolte est productive, mais catastrophique. Très lucrative les années précédentes, la culture de courgettes avait fait beaucoup de nouveaux adeptes. L’offre explose, et les prix … chutent. Les trois partenaires n’ont d’autres choix que d’écouler leur production à 5$ la caisse de 20lbs.

Nouveau départ

Quelques recherches amènent Luc à s’intéresser à la culture de mini-kiwis, une production beaucoup plus marginale, qui, il espère, lui permettra se démarquer. Sa parcelle de 400 plants, à flanc de colline est découpée en rangées très larges qu’il ouvrira un jour à l’auto-cueillette.

On enjambe la clôture entourant la plantation pour s’approcher des plants femelles en fleurs. Ses actinidia (arbres à kiwi) atteignent déjà un bon 6 pieds de haut et leurs branches grimpantes courent sur des fils un peu comme la vigne. L’attente est longue avant la première récolte qui survient normalement après quatre ou cinq ans. En 2017 Luc se demande ce qu’il pourrait mettre dans l’espace entre ses rangées pour rentabiliser un peu la superficie : « C’est là qu’est venue l’idée de l’ail. Avec mon épouse et nos trois enfants, nous avons commencé par 1500, 2000 plants au début, puis ça a été assez rapide qu’on a monté à 25 000 ».

 

Le bonheur est dans l’ail

Aujourd’hui Luc partage son temps entre la conception web et ses cultures d’ail et kiwi. La grosse différence explique-t-il, c’est que dans le kiwi il y a énormément de travail à faire, mais il n’y a pas de guide, pas de manuel. L’ail est davantage connu et défriché. Il n’y a pas d’association de producteurs de kiwi du Québec encore! Il y a un bien un filon au New Hampshire par ce que les États-Unis investissent dans cette culture, mais au Québec ce n’est pas tout à fait le même climat.

En ail il récolte 25 000 bulbes de variété Music annuellement, mais souhaite tripler sa production dès l’année prochaine. Avec l’engouement grandissant des québécois pour le local la famille écoule rapidement sa récolte principalement via son kiosque à la ferme ainsi que sur la plateforme du Marché Écolocal-CSUR, quelques marchés publics et le Festival de l’ail à Saint-Anne de Bellevue. Delphine prépare aussi différents produits dont de la fleur d’ail fermentée, de la relish à la fleur d’ail, du pesto de fleur d’ail congelé ainsi que de l’ail déshydraté dans un moulin.

Ce qui s’en vient

Dans un avenir rapproché Luc souhaite construire un kiosque de vente à la ferme, puis une grange pour le séchage et l’entreposage de l’ail de l’autre côté de la route. Les travaux devaient être réalisés au mois d’août 2021 mais avec les délais occasionnés par la covid-19 dans le secteur de la construction il peine à trouver un arpenteur et obtenir les permis nécessaires. Qu’à cela ne tienne, il se reprendra l’an prochain. Quelques semaines après notre rencontre une question demeure. Je téléphone à Luc alors en vacances dans l’Ouest Canadien : « Luc, quand tu vas avoir des kiwis pour le nom de ta ferme tu vas faire quoi? » Il me rassure : « T’inquiète pas, j’ai un plan! ». Je le laisse bien évidemment en faire l’annonce le moment venu, mais en attendant les premières barquettes de mini-kiwis, on peut dire que Luc a trouvé son bonheur avec l’ail.

 

Ferme Ail de la Montagne

130 chemin du Versant
Rigaud, Québec
J0P 1P0
ail@cybercréations.net
(514) 978-0486
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