Nicole Blanchard

 

Ferme Authentik

 L’Épiphanie / LANAUDIÈRE

Par Amélie Masson-Labonté 

 Authentique, c’est moi

J’arrive chez Nicole un après-midi d’été. Aussitôt l’auto déchargée et sa commande de pancartes et de dépliants sur l’ail livrée, elle m’entraîne vers sa caverne d’Ali Baba, un cabanon de bois patiné où elle conserve « sa première vraie récolte d’ail en 20 ans ». À l’époque, sa tentative s’était plutôt mal terminée : « Tu ris, me lance-t’elle d’emblée, mais les chèvres sont toutes allées creuser le champ » et la belle récolte d’ail pffftttt envolée! Je ne ris pas du tout, j’ai déjà eu des chèvres. Ce sont des bêtes gourmandes qui broutent pratiquement tout ce qu’elles trouvent y compris les chapeaux de paille et les bouts de manteau. Pour Nicole une pause substantielle suit cet épisode décevant, jusqu’à ce qu’une erreur de calendrier la ramène vers le chemin de l’ail.

 Incertaine de la date d’une formation en champ Nicole téléphone à l’organisatrice qui la rassure, « oui, oui, c’est bien dimanche et pas samedi ». Le dimanche en question Nicole se rend à Saint- Rédempteur près de Vaudreuil, pour se faire dire évidemment, « c’était hier! ». Généreux, le fermier l’accueille. Nicole a droit à toute une journée de formation privée. Elle repart le soir les bras chargés d’un bouquet d’ail frais, déterminée plus que jamais à se remettre à l’ailliculture.

 Depuis deux ans, l’expérience n’a pas été de tout repos cependant. Alors que je prends quelques photos d’elle pour le site web d’ail Québec devant un écran de verdure minutieusement sélectionné elle me raconte ses mésaventures sans perdre son élan : les épisodes de sécheresse, les pluies d’automne suivie d’un gel brutal, l’ail d’hiver « pas abrillé », son champ pris d’assaut par les attaques de chiendent. Tu prends des photos de moi « pas de rouge à lèvres, pas de boucles d’oreilles » me fait-elle remarquer subitement. Je la rassure, je préfère. L’idée fait son chemin, puis elle acquiesce « Authentique, c’est moi ». Une chose est sure, les apprentissages se font à coup d’essais-erreurs, mais il faut dire qu’en temps normal pour Nicole, l’ail est loin d’être une priorité. 

Profession : Éleveuse, tondeuse de chèvres et de moutons, réflexologue, aromathérapeute et herboriste! 

Dans la production ovine et caprine depuis plus de 30 ans Nicole est en réalité une sommité dans le domaine de la tonte à l’Est du Canada. Alors qu’on pénètre dans la bergerie, accueillies par un concert de bêlements surexcités elle m’explique avec ses expressions inimitables que « dans le temps où elle faisait le triangle des Bermudes » elle se promenait entre l’Abitibi, les Cantons-de-l’Est et Guelph en Ontario pour faire la tonte de 150-200 moutons. Par jour! « Mais là – je reprends ses mots – Après 100 la bonne femme est fatiguée ». Il faut dire que c’est tout un art, la tonte. Ça prend de la force dans les jambes pour maintenir une bête qui se débat comme diable pendant qu’on la délivre de son manteau d’hiver, délicatement. Certains tondeurs de moutons sont brusques et blessent les bêtes. Pas Nicole. Elle travaille bien, c’est pour ça qu’on la demande. Les gens qui vendent leur cheptel ont même pris l’habitude d’exiger que la tonte, qui survient deux fois l’an, soit faite par Nicole – exclusivement. C’est ce qui l’a mené à suivre des troupeaux de chèvres angora jusqu’en Ontario. 

Mon attention est subitement capturée par une créature tellement adorable que plus rien d’autre n’existe. Une petite chose aux boucles soyeuses et aux grands yeux mouillés trottine vers nous en faisant des mèèè mèèè grelottants et clic, clic, clic, sur le béton de ses petits sabots pointus. C’est Mimi-la-bébé-chèvre-angora. Après avoir copieusement câliné la bête qui se laisse faire avec beaucoup d’aplomb, on reprend la visite avec Mimi qui suit derrière. Il y a 4 béliers et 80 brebis appartenant à son fils, réparties sur le côté gauche de la bergerie, à droite on trouve les chèvres angoras de Nicole, un coq, un âne, et finalement au fond du bâtiment Zena « madame cochon », la truie noire de sa belle-fille.

Nouvellement grand-mère, Nicole aspire à prendre la route moins souvent. C’est le moteur de son intérêt pour l’ail et la raison pour laquelle elle a voulu siéger sur le CA. Pour en apprendre davantage. Il faut aussi dire qu’être constamment sur la route lui a causé bien des ennuis, elle a perdu plusieurs agneaux par ce qu’elle était absente lors des agnelages. L’ail, est plus docile, et aussi relativement compatible avec l’élevage des moutons. Nicole utilise déjà l’huile essentielle d’ail pour les traitements préventifs et curatifs de son troupeau. Elle a aussi une idée de projet de recherche avec les huiles essentielles qu’elle aimerait utiliser pour repousser les ravageurs. Est-ce qu’on approuve? Certainement!

On quitte ensemble sa cour envahie de tracteurs pensionnaires pour prendre la route en direction de Saint-Esprit où nous attends François de la ferme Bulzail, à une quinzaine de kilomètres environs.

Ferme Authentik 

260 Rang Saint-Esprit
L’Épiphanie
Québec, J5X 2M4

nicolelatondeuse@hotmail.com
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